banc public numéro 5

Les années passent, plus de soixante, et l’ombre du Groupe Roullier recouvre progressivement tous les espaces autour de son implantation historique de production d’engrais sur le port de Saint-Malo. Les bureaux d’usine des années 90 disparaissent désormais dans un ensemble récent. Musée, salle de sport, centre mondial, tous les signes de la puissance du Groupe sont présents là où vous ne pouvez les manquer. Alors, depuis 2015, ils avancent sur des œufs. « Ils », ce sont les membres de l’association OSONS ! qui n’ont cessé de mettre en évidence, avec bien d’autres personnes, les rejets anormaux de l’entreprise Timac. Parlant d’odeurs, de poussières, de particules fines, rarement de « santé » et lorsque cela a été le cas, ce sont des médecins qui en prenaient la responsabilité. Même en juillet 2020, lorsqu’ils obtiennent, avec douze plaignants, la première expertise judiciaire de l’activité de la Timac devant le tribunal de Saint-Malo, c’est uniquement pour « trouble anormal de voisinage… ». En revanche, industriels, sous-préfet, élu·e·s, préfet ont affiché une étonnante assurance sur le plan sanitaire. Malgré une pollution de plus en plus connue, ils ont multiplié les déclarations rassurantes. Au milieu, une population partagée en diverses catégories : les inquiets, les fatalistes, ceux qui ne voient rien, n’entendent rien et ne disent rien, ceux dont les affaires fructifient avec le silence et désormais, peut-être, en arbitre, les médecins. Les échos de la situation malouine ont porté jusqu’à Bayonne et Tonnay-Charente, deux autres sites d’implantation de la Timac. Leurs riverains et leurs associations ont reconnu, dans les informations provenant de Saint-Malo, l’empreinte Timac sur leur vie, leur environnement, ce qu’ils vivent au quotidien. Désormais, le lien est fait entre les acteurs des trois sites qui, le 13 janvier, ont donné une conférence de presse commune. [ Retrouvez le dossier complet dans le journal ]